DEMANDE DE PROGRAMME :

 

SOLEIL, ENVIRONNEMENT TERRESTRE, ET

Hà‰LIOSPHERE (SETH)

 

 

 

 

 

1. Contexte

Les champs magnétiques jouent un rà´le essentiel dans les processus de couplage entre les plasmas naturels. La rotation différentielle entre la zone convective et la zone radiative du soleil se traduit par la Dynamo solaire dont l'effet principal est d'engendrer les champs magnétiques qui organisent la Photosphère et la Couronne solaire, permettant le chauffage et l'échappement d'un vent supersonique de plasma: le Vent Solaire. Lors de son expansion radiale à  partir de la couronne, le Vent Solaire rencontre des obstacles, la Terre en particulier. L'interaction entre le vent solaire et l'Environnement Terrestre, conduit à  l'existence de "discontinuités", comme le "choc d'étrave" et la "magnétopause", interfaces qui séparent des plasmas dont les caractéristiques sont différentes, mais qui sont couplés par leurs champs magnétiques. Pour l'essentiel le vent solaire s'écoule radialement, jusqu'aux confins du Système Solaire o๠il entre en "collision" avec le milieu interstellaire, remplissant une gigantesque région : l'Héliosphère, dont on ne connaît pas encore précisément les limites.

 

Le vent solaire est donc structuré par le champ magnétique solaire, et il communique ces modulations à  l'environnement ionisé de la Terre. Cette structuration en cellules, séparées par des régions critiques, ou interfaces, caractérise les milieux peu/pas collisionnels qui sont "couplés" par des processus turbulents à  "petite échelle". La turbulence à  petite échelle qui se développe dans ces régions critiques joue le rà´le d'une dissipation et permet le transport à  travers ces régions, en détruisant le gel du champ magnétique. Ces processus de couplage entre échelles constituent le dénominateur commun des travaux théoriques et des travaux de modélisation qui seront menés dans le cadre du programme.

 

Le phénomène de vent n'est pas l'apanage exclusif du Soleil; des vents stellaires magnétisés ont été détectés autour d'étoiles de type solaire et autour d'étoiles beaucoup plus massives et plus chaudes que le Soleil. Pour ces étoiles comme pour le Soleil, l'origine de ces vents et leurs propriétés sont fortement liées à  l'existence de champs magnétiques qui assurent un couplage "anormal" (i.e. via la turbulence) entre des milieux à  priori rendus indépendants, par l'absence de collisions.

 

L'Ionosphère est immergée dans la couche supérieure très ténue de notre atmosphère que l'on appelle la thermosphère. L'énergétique et la dynamique de la thermosphère sont fortement couplées à  celle de l'ionosphère comme à  celle des couches inférieures de l'atmosphère. L'ionosphère joue également, couplée à  la magnétosphère, un rà´le particulier dans les mécanismes de perte d'espèces chimiques atmosphériques vers le milieu interplanétaire, et participe à  ce titre à  l'évolution chimique de notre atmosphère.

 

 

2. Objectifs

 

La physique solaire, le vent solaire et son interaction avec l'environnement terrestre ionisé et neutre font donc intervenir des processus dont les caractéristiques physiques sont très semblables. Cette similitude entre les processus physiques mis en jeu, et le lien causal qui existe entre l'activité solaire et l'environnement terrestre pràªchent en faveur d'une approche coordonnée, au sein d'un programme, décrit ci-dessous. Ce programme fédère les activités precedemment menées independamment au sein des GdR " Magnétodynamique Solaire et Stellaire " et " Plasmae ". Au niveau des objectifs et des moyens mis en 'uvre ce programme vise donc à  une meilleure compréhension des relations Soleil-Terre, avec un double but:

- d'une part comprendre les processus physiques qui conduisent à  la génération de champs magnétiques solaires et stellaires, à  l'organisation spatiale de l'atmosphère solaire et de l'héliosphère, à  la dissipation de l'énergie magnétique, au chauffage de la couronne, à  l'échappement du vent solaire, à  son interaction avec le champ magnétique terrestre, et enfin au couplage entre le plasma piégé dans le champ magnétique terrestre et les couches denses (collisionnelles) de l'ionosphère et de l'atmosphère terrestre. La physique de ces phénomènes met en jeu l'interaction entre cellules dominées par la pression cinétique et cellules dominées par la pression magnétique. L'héliosphère fournit un cadre privilégié pour leur étude, dans la mesure o๠il permet une grande variété de diagnostics complémentaires : mesures in situ, observations d'imagerie et de spectroscopie, études théoriques, modélisations et simulations numériques. Ces processus constituent donc des prototypes pour ce type d'interactions, et fournissent un cadre de choix pour leur étude à  partir de diagnostics "non destructifs" mis en ouvre dans un "laboratoire sans murs", pour lequel les conditions limites sont fixées en amont dans la Photosphère et en aval dans l'Ionosphère, et les hautes couches de l'atmosphère terrestre.

- d'autre part l'interaction entre les particules accélérées dans la couronne (vent solaire et particules énergétiques) et le champ magnétique terrestre a des conséquences variables et importantes sur notre environnement ; il convient de les mesurer pour àªtre à  màªme un jour de les prévoir. Un certain nombre d'études statistiques semblent confirmer que l'activité et le cycle solaire ont une influence:

i) sur les paramètres climatiques globaux de notre planète

ii) sur les conditions d'opération des satellites en orbite circumterrestre

L'objectif du programme est d'évaluer la possibilité de tels couplages et d'élucider les mécanismes correspondants.

 

Ce programme est destiné à  atteindre les objectifs suivants :

- Etude coordonnée des relation Soleil-Terre, en optimisant l'exploitation des moyens nouveaux disponibles, en particulier les expériences spatiales en cours de dépouillement SOHO, Interball/Polar/Wind, les grands instruments en exploitation (EISCAT/ESR ) ou sur le point d'àªtre opérationnels (THEMIS) et la préparation de ceux qui viennent d'àªtre décidés (CLUSTER).

-Etude des plasmas chauds naturels dans un environnement permettant d'effectuer un maximum de diagnostics observationnels.

- Coordination entre laboratoires et thématiques actuellement indépendants.

- Accroissement de la capacité d'action du CNRS, notamment dans le domaine de la théorie et du développement de codes performants de simulation numérique.

- Mise à  profit, pour définir les expériences futures de techniques instrumentales complémentaires: in situ et à  distance.

 

Ce programme fédère les activités menées auparavant au sein des GdR " Magnétodynamique Solaire et Stellaire " et " Plasmae Au sein des Sciences de l'Univers,il possède également des interfaces importantes avec le Programme National de Planétologie dont l'un des objectifs, la planétologie comparée, vise à  l'étude de l'interaction du vent solaire avec des obstacles (cométaires ou planétaires, gazeux ou solides, magnétisés ou non) qu'il rencontre dans son expansion à  l'intérieur de la cavité héliosphérique.

Au delà  des Sciences de l'Univers, le programme proposé possède des liens étroits avec d'autres domaines de la physique, notamment ceux de la physique des plasmas de fusion magnétique et de la physique atomique.

Pour mener à  bien l'étude de ce système "global", àªtre capable de comprendre les processus de "mélanges d'échelles" qui s'y déroulent, évaluer leur rà´le, et enfin, à  terme àªtre capable d'effectuer une " prévision", il faut mettre en oeuvre un Programme Expérimental et Théorique permettant de coordonner les efforts menés dans ces différents domaines, de mettre en place et d'exploiter les moyens nécessaires.

 

Pour répondre à  ces questions quatre thèmes devraient àªtre mis en place:

 

-Thème 1: Magnétisme Solaire et Stellaire

 

-Thème 2: Couplage Atmosphère Solaire - Milieu Interplanétaire

 

-Thème 3: Couplage Milieu Interplanétaire - Environnement Terrestre.

 

-Thème 4: Météorologie de l'Espace: relations entre l'activité solaire et l'Environnement terrestre.

 

Les objectifs visés dans le cadre de ces différents thèmes, et les moyens de les atteindre, sont décrits plus en détail en Annexe. Pour les mener à  bien, l'éclairage apporté par la participation de théoriciens dont l'objectif principal n'est pas nécessairement l'étude du système solaire est un élément essentiel ; ces contributions dans le domaine de la physique atomique et de l'interaction matière-rayonnement, comme dans celui de la théorie des instabilités et des phénomènes non linéaires dans les plasmas seront encouragées

 

 

 

3. Moyens

 

3.1. Moyens actuels

 

Ce programme va bénéficier dans les années à  venir d'instruments "sols" ou "spatiaux" mis en service récemment, ou sur le point de l'àªtre. L'objectif principal du programme est (i) de mobiliser la communauté autour des moyens complémentaires "sols et spatiaux", (ii) d'optimiser le retour scientifique de ces instruments et (iii) de préparer, à  partir de modélisations adaptées, les missions futures ou celles qui ont dues àªtre différées par suite de défaillances du lanceur. A court et moyen terme le programme va s'articuler autour de l'analyse scientifique des données de :

 

' SOHO, mission de l'ASE avec une forte participation des équipes franà§aises. SOHO met en oeuvre une gamme d'instruments complémentaires, sans précédent, pour l'étude de l'héliosismologie, de la structure et la dynamique de la couronne, et la mesure in situ des particules dans le vent solaire. Le Coronographe Ha du Pic du Midi complétera les observations du coronographe LASCO de SOHO près du bord solaire.

 

' THà‰MIS pour la mesure à  haute résolution spatiale et spectrale des champs de vitesse et des champs magnétiques dans la photosphère et la chromosphère solaire. la Coupole Tourelle du Pic prépare et a terme complétera certaines mesures de THEMIS.

 

' Le Radioheliographe de Nanà§ay qui, depuis sa rénovation, est un instrument unique pour l'imagerie radio rapide à  grande échelle et résolution spatiale élevée de la basse et moyenne couronne.

 

' MUSICOS, un réseau multi-sites de spectroscopie et polarimétrie stellaire dont l'objectif est l'étude du magnétisme stellaire. Le Polarimètre Stellaire construit à  l'Observatoire de Paris (Meudon) peut àªtre utilisé sur des grands télescopes (4m). Il est destiné également à  l'étude du magnétisme stellaire.

 

' Ulysse , sonde spatiale destinée à  l'étude du vent solaire hors du plan de l'écliptique; cette sonde passera à  nouveau au-dessus d'un pà´le solaire, en 2000 - 2001; les études menées à  partir de Ulysse sont complétées, dans le plan de l'écliptique, par Wind, satellite qui sert également de référence pour les "événements" solaires (accroissements de vitesse et/ou de densité du vent solaire, ou "bouffées de particules énergétiques).

 

' Le SPC de l'ASE vient de décider de reconstruire les quatre satellites du projet Cluster, qui permettra, en éliminant l'ambiguà¯té entre variations spatiales et temporelles de comprendre les processus physiques qui déterminent le transport "anormal" (i.e. non collisionnel) à  travers les frontières magnétosphériques. Les équipes franà§aises sont fortement impliquées dans Cluster.

 

' Polar/Interbal, satellites qui permettent d'étudier la région d'accélération aurorales et la projection du cornet polaire. Comme Ulysse, SOHO, et CLUSTER, ces missions font partie de l'ISTP (Programme international d'étude des relations Soleil - Terre)

 

' EISCAT, ESR, et SuperDARN des radars ("incohérents" et "cohérents") destinés à  l'étude de l'ionosphère aurorale et polaire, en particulier en replaà§ant dans un contexte "à  grande échelle" les mesures satellitaires.

 

' MICADO, interféromètre de Michelson, pour la mesure des vents neutres dans la thermosphère et la haute mésosphère.

 

Outre ces instruments, la communauté dispose des données d'un certain nombre d'instruments sols et spatiaux: données dans les domaine X et gamma de Yohkoh, de CGRO, et de Granat, spectrographes radio décimétrique et métrique Arthémis (en Grèce), réseau décamétrique de Nanà§ay, le polarimètre PARIS et les instruments d'observation systématiques de Meudon.

 

Les liens directs avec les physiciens de laboratoire devront àªtre renforà§és, en particulier pour mener des études préparatoires aux missions. A ce titre il est important de mettre en oeuvre des études portant sur les matériaux en ambiance extràªme pour le bouclier thermique d'une sonde solaire, des études de profils et d'intensités de raies en spectroscopie, des études en caissons de plasma notamment pour tester des instruments nouveaux, ou des processus physiques (phénomènes non linéaires par exemple), des études sur les dynamos fluides...

 

De plus, il faut citer les nouvelles bases de données qui fourniront des outils scientifiques performants pour développer des programmes scientifiques s'appuyant sur des observations dans plusieurs domaines de longueur d'onde ou sur de longues séquences temporelles de données :

 

' BASS 2000 dont l'objectif est d'archiver et de diffuser en ligne, à  l'horizon de l'an 2000, les données solaires "sol" franà§aises. Il s'agira principalement des données de THEMIS.

 

' MEDOC, le prolongement transatlantique du centre NASA d'opérations de SOHO, qui organise des campagnes d'observations avec les observatoires sol européens L'archive de MEDOC donne acces pour les observateurs europeens aux donnees de tous les instruments de SOHO, ainsi qu'a certaines facilites d'analyse, grace a une cooperation avec le CNES.

 

' CDPP (Centre de Données de Physique des Plasmas), qui organise l'archivage des données spatiales et sol. Il veille à  maintenir la pérennité des données et à  leur valorisation en facilitant leur accès afin de faire fructifier l'investissement financier de nos tutelles CNES et INSU.

 

Cet ensemble d'instruments et de moyens donne accès à  des phénomènes magnétiques ayant des échelles de temps extràªmement variables, qui se mesurent en secondes ou moins pour la reconnection magnétique de lignes de champ magnétique, et en dizaine d'années pour les cycles d'activité. A cette variation des échelles temporelles est évidemment lié un grand éventail d'échelles spatiales. Les instruments actuels n'ont pas, en général, une résolution spatiale suffisante pour déterminer sans ambiguà¯té les propriétés du plasma étudié. Par exemple les tubes de flux magnétique photosphériques, qui sont pourtant les structures magnétiques de base de la photosphère, sont difficiles à  résoudre spatialement à  partir des moyens actuels. De màªme la filamentation des courants au sommet de l'ionosphère est difficile à  mettre en évidence sans que soient mis en 'uvre des moyens nouveaux.

 

 

 

4. Projets

 

Au delà  de l'ISTP, et de l'exploitation scientifique de la "Première Pierre Angulaire" de l'ASE: CLUSTER/SOHO, et des instruments sol coordonnés, une autre mission importante du programme "SOLEIL, HELIOSPHERE ET ENVIRONNEMENT TERRESTRE" sera de préparer des instruments de nouvelle génération pour les futures expériences et missions "sol et spatiales". Il est déjà  question de coronographie à  miroir superpoli, d'optique adaptative et d'interférométrie ( au sol et/ouà  partir de véhicules spatiaux) permettant l'accès à  la très haute résolution spatiale, d'instruments de deuxième génération permettant la mesure de faibles taux de polarisation et des mesures dans l'IR proche pour THà‰MIS. Pour la physique stellaire, l'étude d'un super spectro-polarimètre MUSICOS pour le CFH est déjà  bien avancée. De nouvelles missions spatiales sont à  l'étude, dans un cadre multinational: la mission IBIZA pour une étude à  haute résolution (temporelle et spatiale), conduite dans la région aurorale, des processus de filamentation des plasmas et d'accélération des particules. Une extension de la mission SOHO, grà¢ce à  deux points de mesure séparés dans l'espace, permettant d'observer les arches coronales sous deux angles différents (STEREO) est également envisagée.

 

Le projet de sonde solaire Américano/Russe (FIRE) a fait l'objet d'études menées par un groupe organisé sous l'égide du CNES. Un tel projet devrait constituer un dénominateur commun pour les deux GdR fédérés par le programme "SOLEIL, HELIOSPHERE ET ENVIRONNEMENT TERRESTRE". Il met en effet à  profit les compétences instrumentales des deux communautés d'origine, dans le domaine des mesures "in situ", aussi bien que celui des mesures "à  distance", s'appuie sur la connaissance du milieu détenue par la communauté solaire, et sur les travaux théoriques menés au sein des deux GdR d'origine.

 

Les outils de calcul et de modélisation sont à  l'évidence un autre point de convergence pour les deux communautés d'origine; il est indispensable de coordonner les efforts, notamment sur des problèmes scientifiques tels que la reconnexion magnétique, l'accélération par les chocs, le chauffage par absorption résonante des ondes d'Alfven., la filamentation des courants et son lien avec les champs électriques parallèles, et donc avec l'accélération...Ces objectifs théoriques communs militent en faveur d'un regroupement de moyens qui devrait permettre une économie d'échelle, en particulier dans le domaine du développement des codes de simulation numérique 3D, MHD et cinétiques, qui représentent des investissements très lourds, et pourraient àªtre développés en commun, permettant ainsi à  notre communauté de jouer un rà´le de premier plan au niveau international.

 

 

 

5. Potentiel CNRS

 

5.1. Equipes concernées

 

Les équipes du GdR "Magnétodynamique Solaire et Stellaire", ainsi que celles du GdR "Plasmà¦" soit un total de plus de deux cents chercheurs, sont intéressées par ce programme.

 

5.2. Sections concernées

 

Principalement Section 14 et 13

 

5.3. Evolution du potentiel CNRS

 

- Accroissement de l'activité scientifique par l'introduction d'une nouvelle composante reliant les divers domaines de la physique de l'héliosphère.

- Cette ouverture vers de nouveaux domaines suppose à  terme la formation de jeunes chercheurs qu'il faudra recruter pour permettre l'évolution de l'ensemble de la discipline.

- L'émergence d'une nouvelle thématique nécessite une mise à  niveau des moyens de recherche, particulièrement en ce qui concerne les capacités informatiques adaptées à  la modélisation de moyenne envergure.

- Ce type de recherche étant en partie basé sur des observations systématiques et de l'instrumentation lourde au sol, et dans l'espace, il est crucial de développer le potentiel ITA des laboratoires concernés.

 

 

6. Aspects externes

 

6.1. Liens avec les Agences

Une des missions de ce programme est de coordonner les activités de recherches observationnelles, en particulier dans le domaine spatial; à  ce titre l'agence spatiale nationale (CNES) et les agences internationales (ASE, NASA) devraient àªtre directement intéressées.

Un certain nombre d'organismes devraient également àªtre intéressés par l'aspect "prévision de l'activité solaire" et l'aspect général "effet de l'activité solaire sur l'environnement terrestre" : les agences spatiales nationales ou internationales, les organismes institutionnels ou privés (France-Telecom, Météo-France), les organismes militaires (DRET, ETCA) et les opérateurs de satellites, actuels et futurs.

 

6.3. Contexte Scientifique International

 

Ce programme s'insère dès maintenant dans le cadre du Programme International sur les Relations Soleil-Terre (ISTP) qui avec les satellites SOHO, Interbal, Polar, Ulysse, Wind (et bientà´t Cluster) implique de nombreuses agences spatiales tant internationales que nationales. Il vise également à  une exploitation optimale des grands équipements internationaux "sol" comme le télescope franco-italien THEMIS, les radars EISCAT/ESR et SuperDARN.

Ce programme aura également des liens étroits avec le programme international "Space Weather Program" qui a pour but la surveillance à  haut niveau de l'activité solaire et de susciter la mise en place de modèles physiques au niveau opérationnel. Soutenu par la NSF et la NASA aux à‰tats-Unis, le programme "Space Weather" bénéficie, pour son démarrage, d'un important soutien, montrant par là  màªme l'importance accordée à  ce type de recherche. De plus, le renforcement des contacts actuels avec le SCOSTEP (Scientific Committee on Solar-Terrestrial Physics) fait partie des objectifs de ce programme.

 

6.4. Dimension interdisciplinaire

 

L'un des buts de ce programme est de développer les contacts entre les disciplines suivantes :

i) Astrophysique, hors du Système Solaire

ii) Planétologie

iii) Physique des plasmas et physique atomique

iv) Moyenne et basse atmosphère

v) A terme climatologie, météorologie

 

 

7. Structure

 

7.1. Organisation

 

L'INSU est certainement l'instance la mieux adaptée à  la mise en place d'une coordination interdisciplinaire. Cependant, de par sa forte composante spatiale, la pérennité du programme proposé ne pourra àªtre assurée sans une implication notable de notre agence spatiale le CNES.

La structure qui pourrait ressembler à  celle du PNP devrait s'appuyer sur :

- un exécutif: un directeur et des comités de thèmes , avec un animateur et 5/6 membres, qui rédigent les appels d'offre, évaluent les propositions, répartissent les sommes allouées, et proposent des actions incitatrices.

- un conseil scientifique donnant un avis sur les priorités scientifiques et la répartition du budget, examinant les orientations et définissant les méthodes et la prospective.

Il est naturel que le suivi du programme soit confié à  l'INSU et que l'évaluation de son avancement soit effectuée par la section 14 du CNRS et par la CSA tous les 4 ans.

 

7.2. Financement

 

- Crédits pour le programme de recherche en dehors des coà»ts de fonctionnement des gros instruments "sol": 1,5 MF par an. Un soutien du CNES sera également demandé

 

- Un poste par an de chercheur associé (poste rouge), de niveau chercheur confirmé, pour bénéficier des compétences existantes de par le monde dans ce type de domaine.

 

 

 

 

 

ANNEXE

 

 

Thème 1

 

Magnà‰tisme solaire et stellaire

 

En raison de sa nature et de sa distance, notre étoile, le Soleil, exerce une influence déterminante sur tous aspects de la vie sur la Terre. Son étude est donc un point clé du Programme. De plus, sa proximité autorise des observations résolues, interdites pour les autres étoiles. Il représente un point de réference unique pour des étude spécifique: évolution stellaire, recyclage de la matière, etc., avec des répercussions immédiates sur les recherches menées sur la Galaxie et sur la cosmologie. Laboratoire exceptionnel, le Soleil fournit en plus des conditions pour faire progresser les connaissances en physique de base : de plasma, de MHD et de physique atomique et nucléaire.

La question posée par J. Larmor en 1919, pourquoi le Soleil est un aimant, n'a toujours pas trouvé de réponse satisfaisante. Un consensus s'est au moins établi sur le fait que l'effet dynamo, qui permet la conversion d'energie cinétique en énergie magnétique, joue un rà´le clé. Dans la théorie actuelle (dynamo a-w) l'ingrédient de base de la dynamo est le couplage non linéaire entre une zone convective turbulente et la rotation solaire et la dynamo semble àªtre créée à  la limite entre la zone convective et la zone radiative. Le Soleil ne présente toutefois qu'un exemple particulier de dynamo. Le développement rapide qu'ont connu la spectrographie et la polarimétrie stellaire, auquel la communauté franà§aise a fortement contribué, a permis la détection directe de champ magnétique sur des étoiles froides ayant une zone convective de surface (étoiles de type solaire) mais aussi sur des étoiles entièrement convectives ou entièrement radiatives dans lesquels une dynamo de type solaire ne peut en principe pas fonctionner.

 

1.1 - Magnétisme solaire et cyclicité

 

Les contraintes du mécanisme de génération du champ magnétique solaire proviennent des mesures des écoulements à  grande échelle et de la structuration magnétique de la photosphère, ainsi que de l'héliosismologie. Les mesures simultanées à  haute résolution de champs de vitesse et de champ magnétique avec Thémis, les mesures d'héliosismologie avec soho (VIRGO, MDI qui apporte en outre des informations complémentaires sur le champ magnétique) et avec divers réseaux de sismologie au sol, vont fournir des informations inédites pour comprendre la magnétodynamique des structures solaires aussi bien à  petite qu'à  grande échelle.

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du programme

 

' Les mouvements à  grande échelle, comme la rotation différentielle et la circulation méridienne, ont été mesurés par différentes techniques (déplacements des traceurs magnétiques, héliosismologie, décalages Doppler) qui donnent des résultats assez différents. thémiS en association avec d'autres instruments fournira un ensemble fiable de données pour des études comparatives. SOHO, avec l'instrument MDI est capable d'observer les mouvements des cellules convectives en fonction de la profondeur. Avec GOLF et VIRGO, les régions de formation du champ magnetique global peuvent àªtre recherchées.

 

' La turbulence MHD est un autre ingrédient mal connu de la dynamo. Le Soleil est un des rares objets avec la matière interstellaire o๠il y a maintenant quelque espoir de mesurer les propriétes statistiques de cette turbulence. L'analyse de la distribution de surface des champs magnétiques et l'analyse de la polarisation des raies par effet Hanle sont des techniques qui ont fait leurs preuves, et dont l'application aux nouvelles données donnera des contraintes inédites pour mesurer les champs magnétiques turbulents. La modélisation MHD et la confrontation de ses prévisions avec des dynamos fluides qui sont actuellement développés ou à  l'étude dans différents laboratoires nationaux et internationaux restent une approche prometteuse de progrès réguliers.

 

' La structure de base du champ magnétique solaire au niveau de la photosphère semble àªtre le tube de flux. Les échelles spatiales vont de quelques 104~km dans les taches à  quelques centaines de kilomètres dans les points brillants aux frontières du réseau de supergranulation et dans les espaces intergranulaires. La spectro-imagerie avec thémis mesurera les vitesses d'écoulement et les champs magnétiques à  l'intérieur et à  l'extérieur des tubes, pour déterminer les mécanismes de destruction et de formation: concentration à  partir d'un champ magnétique turbulent ou fragmentation à  partir de plus grandes stuctures. L'étude des tubes de flux est également primordiale pour découvrir la clé des échanges entre énergie magnétique et énergie cinétique qui se manifestent par des jets de matière comme les spicules chromosphériques.

 

Les études systématiques sur plusieurs cycles doivent àªtre maintenues pour construire des suites homogènes de données sur l'évolution de la convection, de la granulation, des propriétés des tubes de flux. Ces données sont un élément essentiel pour comprendre le mécanisme de la dynamo. La mise en service de thémis va àªtre l'occasion de commencer de nouveaux programmes, mais la connexion avec d'autres instruments est essentielle. Ces mesures incluent des paramètres globaux comme le rayon solaire ou "l'irradiance". Nous insistons donc sur le maintien des séries d'observation à  l'astrolabe du plateau de Calern et des spectrohéliogrammes de Meudon. VIRGO/SOHO apporte en outre des données essentielles sur l'irradiance. "L'irradiance", ou flux lumineux global émis par le soleil, présente en effet une variabilité substantielle dans l'UV qui pourrait àªtre à  l'origine de certaines variations climatiques terrestres.

 

 

1.2 - Manifestations magnétiques dans les atmosphères stellaires

 

Dans de nombreuses autres étoiles que le Soleil, des manifestations d'activité de phénoménologie essentiellement solaire (hétérogénéités photosphériques en brillance et champ magnétique, chauffage des couches supérieures de l'atmosphères, éruptions, atmosphères et vents structurés) sont observées, et sont attribuées, par analogie au Soleil, à  l'interaction entre plasma et champ magnétique. Si certains de ces objets ont une structure interne similaire à  celle du Soleil, d'autres en revanche sont si différents (e.g. étoiles entièrement convectives ou totalement radiatives) qu'ils ne devraient pas en principe (si les explications invoquées pour le Soleil étaient suffisamment générales) exhiber une telle activité (la présence d'une interface entre coeur radiatif et enveloppe convective étant impérative dans le cadre des théories dynamos actuelles). L'étude des manifestations d'activité dans les étoiles peut donc fournir des contraintes essentielles pour notre compréhension des mécanismes impliqués, en permettant non seulement de mieux saisir l'impactdes paramètres stellaires fondamentaux (à¢ge, masse, rayon, température effective, taux de rotation) sur les processus physiques sous-jacents, mais aussi de généraliser les théories actuelles en proposant de nouveaux mécanismes (e.g. dynamos) non encore envisagés pour le Soleil.

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du programme

 

' En utilisant le réseau d'observation MuSiCoS et les techniques de spectropolarimétrie à  haute résolution, il est possible d'étudier, à  la surface des étoiles en rotation rapide, la répartition des hétérogénéités de brillance et la structure vectorielle du champ magnétique photosphérique, distributions que l'on peut reconstruire à  partir des déformations de profils et de la modulation rotationnelle qu'elles induisent sur les raies spectrales. On parvient ainsi à  mesurer, pour les étoiles de type solaire, la rotation différentielle de surface, la structure spatiale des modes dynamos excités, la durée des cycles d'activité, ainsi que la variation de toutes ces quantités avec les paramètres stellaires fondamentaux. L'étude des topologies magnétiques des étoiles entièrement convectives ou radiatives devrait également nous permettre de proposer et de vérifier de nouveaux mécanismes de production du champ magnétique dans des photosphères très différentes de celle du Soleil.

 

' L'étude des mécanismes de chauffage des couches supérieures des atmosphères stellaires est maintenant enrichie de nouveaux diagnostics UV (HST) et X (ROSAT, ASCA, XMM), qui ont permis en particulier, pour certains objets (e.g. les étoiles chimiquement particulières), d'apporter un éclairage tout à  fait original sur la physique des magnétosphères stellaires et les processus de chauffage sous-jacents.

 

' L'observation UV, visible et radio (VLA, VLBI, Arecibo) des éruptions, et plus récemment des protubérances et de la structuration des vents stellaires en jets rapides et lents devraient nous permettre d'étudier les rapports qui existent avec la topologie magnétique sous-jacente, et d'élargir la vision essentiellement solaire que l'on a d'un environnement stellaire (et des processus énergétiques qui y opèrent) à  quelques rayons de la surface.

 

 

1.3 - Analyse des spectres

 

Le passage d'une mesure de polarisation à  une détermination de vecteur champ magnétique implique la résolution de problèmes de transfert de rayonnement polarisé et la mise en 'uvre de méthodes d'inversion. Les raies photosphériques et chromosphériques concernées sont optiquement épaisses, c'est à  dire formées par diffusions multiples de photons. En outre dans la chromosphère, o๠la densité est faible, les raies sont presque toujours formées hors équilibre thermodynamique local. La conjonction de ces deux faits rend les problèmes de transfert de rayonnement assez complexes màªme en géométrie plan-parallèle.

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du programme

 

' Pour analyser les observations à  haute résolution spatiale qui seront fournies par un instrument comme thémis, il devient indispensable de développer des codes de transfert de rayonnement multidimensionnel rapides. Le but est d'aboutir à  un traitement cohérent des structures solaires qui puisse tenir compte de leur dynamique. L'instrument MDI sur SOHO peut apporter un complement de données important, en raison de la continuité de ses observations. Pour dépasser l'approximation de l'atmosphère stratifiée, il existe déjà  quelques codes bidimensionnels mais presque tout reste à  faire en matière de transfert tridimensionnel. D'une manière plus générale, il s'agira de tenir compte dans la formation des raies de toutes les anisotropies susceptibles d'exister et de se développer dans le milieu : anisotropies du rayonnement au voisinage de la surface, des champs de vitesse de la matière rayonnante et des particules collisionnelles. Les codes devront s'appuyer sur une description physique précise de la redistribution du rayonnement en fréquence, en direction et en polarisation qui sont couplées toutes les trois par le champ magnétique dans le processus de diffusion.

 

' La communauté franà§aise a déjà  une bonne expérience du transfert de rayonnement polarisé, surtout en ce qui concerne la polarisation de résonance (due à  la diffusion d'un rayonnement anisotrope par un atome à  deux niveaux) et l'effet Hanle (effet d'un champ magnétique faible sur la polarisation atomique). Les efforts vont porter maintenant sur la généralisation aux atomes à  plusieurs niveaux incluant les effets de structure fine et hyperfine, sur la redistribution partielle du rayonnement et les effets angulaires de la diffusion et sur les effets de champ magnétique de force intermédiaire. Les efforts vont aussi porter sur l'extension à  des géométries multi-dimensionnelles.

 

' De nouvelles méthodes d'inversion, rapides et robustes, sont indispensables pour tirer le meilleur parti des données de thémis et des données de spectropolarimétrie stellaire. La qualité et la quantité des profils de polarisation qui seront produits nécessitera de développer des méthodes d'inversion s'appuyant sur le transfert de rayonnement et susceptibles de fournir non seulement la grandeur et la direction du champ magnétique en chaque point de l'espace, mais aussi leurs dérivées spatio-temporelles, qui sont en fait les ingrédients de base de la modélisation MHD.

 

Thème 2

 

Couplage atmosphàˆre solaire-

milieu interplanà‰taire

 

La couronne chaude est le milieu qui connecte le soleil et la région interplanétaire. Le chauffage de la couronne et son accéleration sous forme du vent solaire sont les éléments clés dans les relations Soleil/Terre. C'est pourquoi ces processus sont deux des trois objectifs prioritaires, affichés pour la mission SOHO. Màªme si l'énergie augmente avec le cycle solaire, ces questions se posent également au minimum solaire, et ne peuvent donc pas àªtre associées avec les manifestations classiques de l'activité.

Le champ magnétique du Soleil structure l'atmosphère solaire et l'espace interplanétaire. Ses interactions avec le plasma modulent le rayonnement et le flux de matière par lesquels le Soleil communique avec le milieu interplanétaire, sur des échelles de temps allant de quelques millisecondes à  plusieurs centaines d'années. La compréhension des mécanismes qui créent ces modulations et de la manière dont les processus solaires se répercutent sur l'Héliosphère est au point de départ de toute approche physique du système Soleil - milieu interplanétaire - environnement ionisé et magnétisé de la Terre.

 

2.1 - Les processus de transport, stockage et conversion d'énergie dans l'atmosphère solaire

 

Les mouvements de matière dans la zone convective, o๠la pression gazeuse est supérieure à  la pression magnétique (i.e. b > 1) induisent des courants électriques dans la couronne, o๠la pression magnétique domine (b < 1). Ce couplage assure le transport d'énergie vers l'atmosphère extérieure du Soleil. Sa conversion en énergie mécanique et énergie cinétique des particules chargées par chauffage ou accélération crée une large gamme de phénomènes dynamiques (jets, éjections de masse, éruptions ...). On observe aussi bien la conversion immédiate de l'énergie, lors du chauffage de la couronne, de l'accélération du vent solaire ou de la production quasi-stationnaire de populations non thermiques d'électrons, que des événements discrets o๠l'énergie auparavant emmagasinée dans des configurations coronales est convertie de faà§on brusque (éruptions, éjections de masse coronale). L'analyse des différentes manifestations suggère des processus semblables de conversion d'énergie, qui mettent en jeu des interactions à  petite échelle spatiale comme la formation des nappes de courant et la reconnexion magnétique.

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du programme

 

' L'étude des grandes structures de la couronne calme au minimum solaire. Cela inclut l'observation de la structure typique du dipà´le, et son évolution vers le quadrupà´le, la mesure de la température, densité, champ de vitesse, dans les champs forts ainsi que dans les trous coronaux polaires, et les plumes polaires, sourà§es supposés du vent rapide. Les instruments CDS, EIT et SUMER de SOHO sont optimisés pour ce travail. Ils peuvent également étudier les connexions entre ces structures et les structures chromosphèriques. L'instrument UVCS de SOHO permet la mesure directe de la vitesse du vent jusqu'à  4 Ro. Les coronographes de LASCO observent directement le feuillet de courant vers l'écliptique, jusqu'a 30 A.U., source supposée du vent lent. Les corrélations avec ULYSSES et d'autres mesures du vent à  1 A.U. sont également importantes.

 

' En combinant les observations physiques, ci dessus, avec le modélisation MHD, rechercher parmi les 3 (ou plus) modèles existants pour le chauffage de la couronne : (i) dissipation des ondes MHD dans la couronne, (ii) transport vers la couronne de l'énergie associée au procssus de reconnexion dans des structures fines de la région de transition, ou (iii) une quasi-continuité de procssus de reconexion par des micro-eruptions.

 

' La recherche de l'origine des instabilités à  grande échelle (éruptions de protubérances, éjections de masse) et leurs relations avec les phénomènes à  petite échelle spatiale sont un programme clé de SOHO. Il réunit des instruments d'imagerie en lumière blanche et rayons EUV et X. L'imagerie et la spectrographie en ondes radio et lumière visible fournissent des contributions indispensables. Elles donnent de plus des contraintes sur la configuration magnétique des structures éjectées qui ne sont pas accessibles aux seules observations coronographiques.

 

' Les populations de particules énergétiques ont éte détectées dans différents contextes: éruptions, régions actives quiescentes, atmosphère "calme", vent solaire. Un ensemble unique de diagnostics complémentaires des espèces, spectres d'énergie et distributions angulaires a été développé ces dernières années: télédétection des émissions électromagnétiques (spectroscopie et imagerie X/g et radio ; polarimétrie Ha) et mesures in situ (SOHO, ULYSSES, WIND). Son exploitation apporte et apportera des progrès dans la compréhension des mécanismes d'accélération et de transport des particules, des fonctions de distribution et du couplage des particules avec le rayonnement.

 

Avec les moyens de spectro-imagerie cités plus haut et les développements de codes cinétiques et MHD ces recherches bénéficieront d'outils complémentaires sans précédent. L'exploitation des données acquises lors du dernier maximum d'activité doit àªtre poursuivie. Les développements d'imagerie en rayons g et des mesures in situ des particules et champs près du Soleil par une expérience spatiale de type sonde solaire doivent àªtre soutenues. La recherche de nouveaux diagnostics spectropolarimétriques doit àªtre poursuivie. Au niveau de l'interprétation, la comparaison des phénomènes dynamiques comme l'accélération des particules et la formation et l'éjection de grandes structures avec des processus similaires dans la magnétosphère terrestre doit àªtre encouragée.

 

2.2 - La structuration magnétique de l'atmosphère solaire et sa prolongation dans l'Héliosphère

 

Le champ magnétique émerge de l'intérieur du Soleil dans des régions localisées de la photosphère. A plus grande altitude, la pression magnétique domine celle du plasma et le champ magnétique emplit toute l'atmosphère du Soleil. Son ancrage dans différentes régions de la photosphère, et sa dynamique régie par les mouvements turbulents dans la photosphère et la zone convective, font en sorte que des structures complexes se forment dans la couronne: régions de champs fermés et de champs ouverts et singularités à  grandes échelles qui vont des discontinuités tangentielles aux protubérances, o๠un gaz froid est confiné dans le gaz chaud coronal. Les configurations ouvertes vers l'espace interplanétaire sont à  l'origine de la structuration de l'Héliosphère, qui se manifeste dans la récurrence à  27 jours de certains indices d'activité magnétique terrestre et dans la variation du vent solaire en fonction de la latitude mesurée par ULYSSES (vitesses, températures et quantités de matière éjectée). A haute latitude, l'Héliosphère est connectée aux trous coronaux, source du vent solaire rapide (700 km/s). Dans le plan de l'écliptique la structuration est plus fine, en particulier à  cause des grands jets ("streamers"), constitués de structures magnétiques fermées à  leur base qui se poursuivent, dans la haute couronne et l'Héliosphère, par une nappe de courant. Elle est sans doute une source du vent lent (300-400 km/s à  1 UA).

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du programme

 

' Les formation, équilibre et déstabilisation des protubérances sont des processus clefs de l'interaction plasma - champ magnétique dans la couronne, comprenant notamment le transport des particules le long et à  travers les lignes de champ magnétique, les pertes radiatives et le transfert de rayonnement dans les régions froides et chaudes et les processus MHD qui assurent l'équilibre des forces. Bien que ces processus opèrent sans doute à  des échelles non résolues par les instruments actuels, le diagnostic simultané des gaz chaud et froid et du champ magnétique (SOHO et THEMIS) et les progrès de la simulation fournissent des outils nouveaux pour leur investigation.

 

' La mesure directe du champ magnétique coronal n'est possible que dans le gaz froid (protubérances) et au-dessus des taches. La technique d'extrapoler dans l'atmosphère extérieure les mesures dans la photosphère est alors un outil de base, activement étudié dans la préparation de THEMIS. Ces travaux seront poursuivis par le développement et la comparaison de méthodes complémentaires de calcul et la validation des modèles par la comparaison de leurs prévisions avec la morphologie du plasma et avec l'intensité du champ magnétique des structures chromosphériques et coronales o๠elle est mesurable.

 

' L'ancrage chromosphérique des structures coronales et héliosphériques}, leur interaction avec les mouvements turbulents de la basse atmosphère et les vitesses et températures dans les structures coronales sont mal connues. La combinaison des mesures in situ avec la cartographie des plasmas à  différentes températures (SOHO, THEMIS, coronographes Pic du Midi, RH Nanà§ay) fournit un moyen puissant pour reconstituer la structure thermodynamique et hydrodynamique à  trois dimensions.

 

 

2.3 - Le vent solaire

 

Le vent solaire est un plasma dilué supersonique dont la formation et l'accélération sont intimement liées aux processus de chauffage de la couronne solaire. Ce plasma n'est pas décrit par les concepts thermodynamiques classiques: les fonctions de distribution des électrons et protons sont anisotropes et possèdent des ailes suprathermiques. Lors de l'expansion du vent de protons, la température ne vérifie pas une loi adiabatique et les deux premiers invariants adiabatiques ne sont pas conservés.

 

La transition entre l'Héliosphère et le nuage interstellaire local commence seulement à  àªtre étudiée. De nombreux problèmes se posent depuis les observations d'ULYSSE, tels l'entrée des rayons cosmiques et des particules neutres : les rayons cosmiques, pouvant entrer par les pà´les, s'avèrent plus rares que ne le prédisent les modèles. Dans le plan de l'écliptique, seules les espèces interstellaires neutres rentrent dans l'Héliosphère. Ionisées au cours de leur approche du Soleil, ces particules ont déjà  une pression comparable à  celle du vent d'origine à  l'orbite de Jupiter. Plus loin du Soleil elles doivent jouer un rà´le prépondérant dans la physique de l'interface avec le gaz interstellaire.

 

 

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du programme

 

' Les modèles de transport hydrodynamiques et ceux fondés sur l'équation de Vlasov prédisent des vitesses maximales d'expansion trop faibles et ne donnent pas une description correcte des anisotropies. La présence de populations non-maxwelliennes de particules à  la base de la couronne doit àªtre prise en compte dans les recherches sur le chauffage de la couronne et la formation de vents très rapides, ainsi que le caractère non stationnaire de l'expulsion d'une fraction non négligeable du vent solaire suggérée par SOHO. Les modèles doivent aussi inclure les processus dissipatifs d'interactions coulombiennes. Les mesures de SOHO, ULYSSE et WIND apporteront des contraintes inédites. L'analyse coordonnée d'événements observés au niveau de la couronne et dans le milieu interplanétaire doit àªtre encouragée.

 

' Les ondes de choc sont un agent important de transport et de dissipation dans les plasmas naturels. L'étude in situ des chocs d'origine solaire continuera à  fournir des éclaircissements sur les mécanismes dont l'intéràªt dépasse largement le cadre du programme.

 

' L'étude de la turbulence du vent solaire pose une série de problèmes de physique fondamentale. La nature et l'importance des effets qui interviennent dans les cascades non-linéaires faisant passer l'énergie à  diverses échelles, l'excitation des perturbations à  grandes échelles engendrant les fluctuations Alfvéniques et leur dissipation sont des sujets de recherche o๠la combinaison des simulations numériques avec les observations in situ devrait conduire à  des résultats significatifs. Des mesures du plasma et des particules à  quelques rayons solaires sont une perspective séduisante.

 

' La dynamique de la transition entre l'Héliosphère et le nuage interstellaire local et la nature et la distance du choc terminal supposé décélérer le vent forment un sujet en plein essor, avec un développement rapide de la modélisation alimenté par des données nouvelles venant des Voyager, d'ULYSSE et de SOHO.

 

 

 

Thème 3

 

COUPLAGE MILIEU INTERPLANà‰TAIRE -

ENVIRONNEMENT TERRESTRE

 

 

3.1 - L'interaction Vent Solaire/Magnétosphère

 

Le vent solaire, qui se propage radialement à  partir de la couronne, se déplace à  une vitesse supersonique et super-alfvènique par rapport à  "l'obstacle" que constitue la Terre. Comme pour tout obstacle plongé dans un fluide en mouvement rapide, on s'attend à  ce que le fluide soit ralenti et à  ce que la direction de son mouvement soit modifiée. Cependant le vent solaire est un plasma "non collisionnel" (le libre parcours moyen entre deux collisions est supérieur à  la taille de l'obstacle), et la Terre est "protégée" de son intrusion par un champ magnétique interne, le champ magnétique terrestre. Au lieu du ralentissement et de la déflexion progressive de l'écoulement attendus pour un fluide dominé par les collisions, l'absence de collisions et la présence d'un champ magnétique interne conduisent à  la formation de "discontinuités", fines couches au sein desquelles l'essentiel du ralentissement et de la déflexion de l'écoulement se produisent. L'interaction entre le vent solaire et le champ magnétique terrestre conduit donc à  la formation de "couches critiques" ou "discontinuités" au sein desquelles se trouvent fixées les conditions limites pour la circulation du plasma dans le volume qu'elles enveloppent. Ces couches critiques: le Choc, la Magnétopause, et le Cornet Polaire jouent donc un rà´le essentiel dans l'interaction entre le vent solaire et la magnétosphère.

 

Ralentissement au niveau du Choc

 

Le vent solaire se déplaà§ant à  environ 400 km/sec, vitesse qui est très supérieure à  la vitesse de propagation des modes dans le plasma, un choc doit se développer pour permettre le ralentissement de la vitesse d'écoulement du plasma. Les missions passées, en particulier ISEE 1-2 et AMPTE, et les simulations numériques, ont permis de montrer que divers régimes sont possibles, suivant le nombre de Mach (sonore et alfvènique) et l'angle thàªta entre la normale au choc et la direction du champ magnétique interplanétaire. Les missions de l'ISTP, en particulier INTERBALL et WIND devraient compléter nos connaissances expérimentales. Le rà´le des ions réfléchis (par une "barrière" électrostatique) dans le ralentissement du plasma commence à  àªtre bien compris dans le cas des chocs perpendiculaires (thàªta proche de 90'), et pour des nombres de Mach pas trop grands. Par contre on comprend mal comment s'opère le ralentissement dans le cas des chocs "supercritiques", correspondant à  des nombres de Mach élevés. Pour les chocs quasi-parallèles la situation est encore plus complexe, au point que l'identification màªme de la traversée du choc est très souvent difficile, voire impossible, à  partir de mesures ponctuelles. Dans ce milieu o๠les effets non-linéaires jouent un rà´le essentiel, en fixant l'échelle spatiale du raidissement du choc, et donc de la "dissipation", les processus sont non-stationnaires et leur localisation dans l'espace dépend fortement des conditions du vent solaire; seule une approche "multi-points" autorisant de séparer les variations temporelles des variations spatiales permettra de résoudre le problème de la "dissipation anormale" dans les chocs.

 

La Magnétopause est-elle perméable?

 

A la fois comprimé et ralenti au niveau du choc et dans la magnétogaine adjacente, le vent solaire rencontre une seconde discontinuité: la magnétopause, discontinuité dans la taille et la direction du champ magnétique, qui change brutalement d'un champ d'origine solaire à  un champ dont la taille et la direction sont fixées par le champ magnétique interne de la Terre. En l'absence de collisions on devrait s'attendre à  ce que la magnétopause soit une frontière imperméable à  la pénétration du vent solaire. La réalité est toute autre. Les mesures satellitaires ont permis de montrer que le plasma solaire pénétrait à  travers la magnétopause. Les modèles classiques, utilisant la MHD (idéale ou résistive), ne décrivent pas ce transport "anormal" (i.e. non lié aux collisions). Le transport anormal peut àªtre assuré "directement" par les fluctuations, si celles-ci sont suffisamment intenses, ou par la reconnexion entre les lignes de forces "ouvertes"(vent solaire) ou "fermées"(reliées à  la Terre). Dans ce cas le rà´le des fluctuations est "indirect"; elles contrà´lent, via la dissipation et la diffusion associées, le processus de reconnexion. Ce couplage entre les fluctuations à  petite échelle et le transport à  grande échelle n'est pas compris; seule une approche multisatellite permettra de comprendre comment les processus aux diverses échelles se couplent pour assurer le transport à  travers le "bouclier magnétique" de la Terre. La latitude à  laquelle a lieu ce transport fait également l'objet de débats; certains chercheurs privilégient la partie externe du Cornet polaire. Cependant l'existence à  basse latitude et à  l'intérieur de la magnétopause, d'une couche limite peuplée en partie par du plasma solaire, suggère également l'existence d'un transport anormal du plasma dans ces régions.

 

Objectifs Scientifiques dans le cadre du Programme:

 

L'étude des couches limites: choc, et magnétopause/cornet polaire, présente un double intéràªt:

- D'une part ces régions sont le site de processus de mélanges d'échelles grà¢ce auxquels la turbulence (à  petite échelle) "exerce un contrà´le" sur les processus à  grande échelle. L'étude in situ de ces processus naturels déborde le cadre des études décrites ci-dessus; en particulier la communauté d'intéràªt avec la physique de la partie supérieure de la couronne solaire est évidente.

- D'autre part, il est important, à  terme, de comprendre comment fonctionne le "bouclier magnétique", qui protège l'environnement terrestre de la pénétration des particules solaires. Les sondes situées dans le vent solaire, permettent de détecter le passage d'un vent solaire plus dense et/ou plus rapide, et de particules énergétiques, mais ne permettent pas de comprendre (et donc de prévoir) leur interaction avec le bouclier magnétique de la Terre. L'un des objectifs prioritaires du programme doit àªtre la compréhension des processus physiques qui déterminent le fonctionnement et l'efficacité du bouclier magnétique de la Terre.

Ce bouclier se déplace rapidement dans l'espace et ses propriétés physiques semblent varier dans le temps; seules les mesures tridimensionnelles, qui constituent l'objectif du projet Cluster et nécessitent la mise à  poste de 4 satellites identiques, permettront de faire des progrès substantiels dans la compréhension des mécanismes physiques qui autorisent/empàªchent la pénétration de particules solaires dans notre environnement.

3.2. Dynamique de la Magnétosphère et Sous-Orages

Lors d'un sous-orage, la configuration magnétique de la queue géomagnétique est complètement modifiée. Cette reconfiguration s'accompagne d'une accélération du plasma et de son injection vers la Terre. Les électrons accélérés sont précipités dans la haute atmosphère de la zone aurorale, formant des aurores discrètes. L'image des processus dynamiques qui se développent dans la queue magnétique, se projette sur l'écran atmosphérique. Le mouvement et la forme des arcs auroraux témoignent donc du développement temporel de processus qui ont lieu à  grande distance de la Terre, d'o๠l'importance de mener des campagnes de mesures "au sol" (EISCAT/ESR, et SUPERDARN), en liaison directe avec les mesures des sondes spatiales.

Un certain nombre de travaux récents menés notamment en France, ont permis de mettre en évidence l'existence de couches fines de courant qui se développent au voisinage de l'équateur magnétique et sont responsables de la déformation du champ magnétique. Cette couche de courant disparaît brutalement, lors du déclenchement du sous-orage, lorsque le champ magnétique redevient "dipolaire". Les études en cours portent sur l'identification du/des mécanisme(s) qui est (sont) responsable(s) de l'interruption du courant et de la dissipation de l'énergie magnétique. Une telle étude nécessite la mise en oeuvre de moyens complémentaires, sur les plans théorique et expérimental, et dans le domaine de la simulation numérique.

 

Objectifs Scientifiques dans le cadre du Programme:

 

-Au plan théorique un investissement important a été mis en oeuvre pour décrire de manière cinétique (par l'équation de Vlasov) la formation de la couche de courant et, son instabilité.

-Sur le plan expérimental, l'analyse conjointe des données GEOS et SCATHA va permettre d'avoir une idée sur l'extension spatiale de la règion de déclenchement et sur sa dynamique. A plus long terme les progrès ne peuvent venir que des mesures multipoints de Cluster.

-Sur le plan de la simulation un investissement important a été et devra àªtre consenti. Il faudra adapter les codes particulaires à  "grande échelle" permettant de décrire la perte d'adiabaticité des ions, et les codes MHD, qui décrivent bien la configuration globale, mais ne peuvent décrire les champs électriques parallèles qui se développent lors des sous orages.

Les nuages magnétiques ou plasmoides sont couramment observés dans le vent solaire et semblent àªtre une des causes majeures des perturbations de l'environnement terrestre entrainant les sous-orages. Ces nuages sont-ils associés de faà§on biunivoque aux éjections de masse coronale? Leur structure magnétique demeure t'elle en partie "attachée" au soleil? Les instabilités qui ont lieu lors de ces orages magnétosphériques présentent de fortes analogies avec les instabilités qui conduisent à  briser le confinement du plasma lors des éruptions dans la couronne solaires. Au delà  de cette convergence sur des thème théoriques se profile la perspective de mener avec les moyens "in situ" auxquels les "magnétosphériciens" sont habitués une étude "in situ" de la couronne solaire, grà¢ce à  une sonde solaire. Les physiciens solaires apporteraient à  ce projet leur compétence en matière de mesures "non locales", mises en oeuvre à  partir de la Terre ou à  bord de la sonde, et permettant de restituer les mesures ponctuelles dans un contexte. Ce projet qui bénéficierait de la compétences thématique de la communauté solaire et de l'acquît instrumental des deux communautés réunies dans le programme joue un rà´le fédérateur.

 

3.3. Couplage Ionosphère-Magnétosphère:

 

Dans les régions aurorales, la magnétosphère terrestre est couplée par un champ magnétique à  sa source "externe" - le vent solaire - et à  sa source "interne" - l'ionosphère - elle-màªme reliée par friction à  l'atmosphère terrestre. Au sommet de l'ionosphère, la pression magnétique domine largement la pression cinétique du plasma. Les processus physiques essentiels concernent le transport parallèle et l'accélération des particules le long des lignes de force du champ magnétique. L'accélération des électrons se traduit par l'émission d'un rayonnement radio intense et par la précipitation dans la haute atmosphère des électrons ainsi accélérés. Ces processus physiques ont un caractère universel puisqu'ils sont engendrés autour de tout objet astrophysique actif possédant un champ magnétique et une atmosphère (notamment le soleil).

Les données expérimentales acquises par les précédents satellites auroraux Viking, Freja ont clairement mis en évidence le rà´le joué par les structures à  petite échelle (filamentation des courants, chocs, double-couche, solitons,..etc) dans les processus d'accélération des particules chargées et dans celui de la génération des ondes. Les données plus récentes acquises par les satellites POLAR et INTERBAL AURORAL faisant partie de l'ISTP sont venues compléter nos connaissances. Afin d'appréhender la faible durée de vie et (ou) la petite étendue spatiale de ces structures, il est indispensable de pouvoir disposer de satellites disposant d'une capacité élevée d'enregistrement des informations. Le lancement du satellite américain FAST en aoà»t 96 a permis de franchir cette étape expérimentale. De part sa résolution temporelle inégalée jusqu'alors, cette expérience offre un important potentiel de découverte dans le domaine de la Physique non linéaire des plasmas. Les missions précédentes ont cependant démontré les limites de l'analyse des mesures fournies par un satellite unique. Il est en effet extràªmement difficile de déterminer si les variations des différents paramètres mesurés correspondent à  l'évolution temporelle du milieu ou bien au déplacement du satellite à  travers des structures inhomogènes.

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du Programme:

 

Le projet bi-satellitaireIBIZA a pour but d'étudier aussi bien la morphologie que l'évolution temporelle des structures à  petite échelle. L'objectif scientifique de ce projet, actuellement en Phase d'étude au CNES, est de mener à  bien avec des moyens adaptés, une étude approfondie des mécanismes d'accélération conduisant à  l'émission d'un rayonnement électromagnétique intense dans l'environnement terrestre. Notons que l'étude de ces objectifs scientifique constitue un point de convergence supplémentaire avec la communauté solaire: les processus de chauffage de la couronne semblent de fait intimement liés à  la présence de structures filamenteuses et à  l'émission de rayonnements électromagnétiques intenses.

 

3.4 - Circulation à  Grande Echelle du Plasma

 

Ce thème est actuellement en plein essor grà¢ce à  l'achèvement d'une grande partie de la chaîne SuperDARN (SuperDual Auroral Radar Network) tant dans l'hémisphère Nord (3 paires de radars opérationnelles) que dans l'hémisphère Sud (4 radars opérationnels), qui donne une vue d'ensemble de la convection avec une haute résolution spatiale et temporelle.D'autre part la mise en service récente du radar ESR (EISCAT Svalbard Radar) qui vient compléter à  haute latitude le système existant et permet une description fine de l'ionosphère (densités électroniques, températures électroniques et ioniques, composition ionique et vitesse du plasma).

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du Programme:

 

- La convection à  grande échelle: l'influence du Champ Magnétique Interplanétaire (CMI) sur la convection du plasma ionosphérique, et en particulier les relations inter-hemisphériques. Des aspects encore mal connus du couplage CMI/convection en particulier pour un Bz nord pourront àªtre étudies en détail, ainsi que les variations en Temps Local des temps caractéristiques de la reconfiguration de la convection engendrées par les variations du CMI.

- Les phénomènes de moyenne échelle dans la région du cornet polaire: manifestations ionosphériques des phénomènes transitoires auxquels tels que événements à  transfert de flux, pénétrations impulsives de plasma à  travers la magnétopause, instabilités de Kelvin-Helmholtz.

- les sous-orages magnetosphériques: description des signatures ionosphériques des sous-orages simultanément à  plusieurs temps locaux.

Ces études seront menées par confrontation entre les données sol (SuperDARN, EISCAT, ESR, chaînes de magnétomètres) et les données satellites de l'ensemble des différentes missions (GGS, INTERBALL, DMSP, Oersted, etc) partie prenante du programme ISTP.

 

3.5 - Physique de l'atmosphère neutre et couplage avec l'ionosphère

 

La physique de l'atmosphère neutre et ionisée présente à  hautes latitudes des caractéristiques originales dues aux variations de l'insolation et à  un apport important d'énergie d'origine magnétosphérique distribuée de faà§on sporadique sous forme de champs électriques intenses et de particules énergétiques. Celles-ci induisent de nombreuses réactions chimiques, créent des ions et engendrent une circulation de courant. Les champs électriques sont à  l'origine d'un chauffage Joule et d'une dérive des particules ionisées qui entraînent avec elles les particules neutres. Des augmentations de température et des modifications de la composition sont en général observées ainsi que des modifications importantes de la circulation générale de l'atmosphère neutre par modification des composantes verticales et horizontales. L'atmosphère subit une suite de régimes transitoires qui engendre la propagation d'ondes observables loin de leur source, TID et ondes de gravité. Ces phénomènes particuliers existants dans la haute atmosphère polaire et dans l'ionosphère aurorale ont un impact sur l'atmosphère moyenne et sur la magnétosphère. De plus, les processus dynamiques qui ont leur origine dans la moyenne et la basse atmosphère, telles les marées et les ondes de gravité, affectent la structure et la dynamique de la mésosphère et de la basse thermosphère à  hautes latitudes. Cest dans la mésosphère polaire que les effets du couplage avec la magnétosphère et l'ionosphère s'ajoutent à  l'influence de la basse et moyenne atmosphère.

 

Objectifs scientifiques dans le cadre du Programme:

 

Les radars EISCAT-ESR, implantés en zone aurorale et polaire sont les instruments privilégiés pour parvenir à  une compréhension globale du système atmosphère-ionosphère-magnétosphère parce qu'ils permettent une description fine de la région clef qu'est l'ionosphère. Ils ne sauraient se suffire à  eux-màªmes: la mesure des entrées d'énergie d'origine magnétosphérique et la mesure de la circulation et de la température des espèces neutres est indispensable.

Les mesures de flux et de champ des satellites POLAR et INTERBALL AURORAL, lors de coordination satellite et radars, donneront accès aux entrées d'énergie. Les observations de vent et température neutres, jusqu'à  70' de latitude, par l'expérience WINDII du satellite UARS seront sans doute encore disponibles pendant une année. A plus longue échéance d'une part et dans la calotte polaire d'autre part, des observations complémentaires à  partir d'instrument sols sont nécessaires.A cet égard, le développement de l'interféromètre SWIM qui permet de mesurer les vents neutres dans la thermosphère et la haute mésosphère constitue l'un des objectifs une prioritaire du présent programme. Enfin, la modélisation est un outil privilégié pour interpréter les observations. Aux outils, développés en France ces dernières années, programme ionosphérique TRANSCAR et programme de couplage Ionosphère -Magnétosphère, il faudrait ajouter des modélisations plus spécifiques de l'atmosphère neutre telles les calculs de marées atmosphériques et la modélisation du transport d'énergie par les ondes de gravité.

 

 

 

 

 

Thème 4

 

 

METEOROLOGIE DE L'ESPACE : RELATIONS ENTRE L'ACTIVITE SOLAIRE ET L'ENVIRONNEMENT TERRESTRE.

 

 

4.1 - Activité solaire et prévision.

 

Les relations Soleil -Terre mettent en jeu trois vecteurs distincts d'influence de l'activitàˆ solaire sur l'environnement terrestre: les ondes électromagnétiques, le vent solaire et ses perturbations et les particules accélérées lors des éruptions solaires, principalement les protons et les noyaux lourds.

 

En dehors des éruptions la prévision doit inclure le flux UV et X qui chauffe l'atmosphère, la fait se dilater et augmente sa densité, donc le freinage au niveau des orbites des satellites. La prévision doit aussi prendre en compte l'activité géomagnétique qui gouverne les particules précipitant dans les zones aurorales, source de chauffage supplémentaire dans ces régions. Les orages récurrents déclenchés par les jets de vent rapide issus des trous coronaux font partie de cette prévision. Lors des éruptions, on souhaite prévoir l'augmentation du flux UV et X, qui atteint plusieurs ordres de grandeur, et le déclenchement des orages sporadiques, ' la suite de l'arrivée ' la Terre des ondes de choc et des nuages magnétiques issus des éjections de matière coronale (ou CME : Coronal Mass Ejections).

 

L'origine de ces perturbations est discutée dans le cadre du thème 2 (voir ci-dessus). Elles correspondent à  une large gamme d'échelles temporelles, depuis des phénomènes éruptifs jusqu'aux phénomènes de cyclicité, et d'évolution à  long terme. L'Héliosphère apparaît constituée de cellules de grande échelle. Les processus physiques fondamentaux prennent naissance dans les régions de transition entre les différentes cellules, o๠s'effectuent les transferts de masse, d'impulsion et d'énergie. Il existe ainsi une continuité naturelle des phénomènes depuis le soleil jusqu'à  notre atmosphère, cependant profondément altérée par les processus d'échanges intercellulaires. Ces derniers font intervenir des échelles spatiales et temporelles très différentes, dans la couronne solaire, le milieu interplanétaire, la magnétosphère, l'ionosphère, la thermosphère et l'atmosphère terrestre. Cette chaîne complexe doit àªtre comprise et modélisée maillon par maillon, afin de remonter au mécanismes physiques de base produisant les effets observés. L'analyse des mécanismes physiques est l'objet des trois thàªmes précédents; une fois ces mécanismes compris et modélisés au niveau de chaque maillon , l'objectif du thàªme 4 est l'identifier les paramètres clés intervenant dans la modèlisation de cette chaîne de processus et d'évaluer les effets de l'activité solaire sur l'environnement terrestre.

 

4.2 - Couplage magnétosphère, ionosphère, thermosphère.

 

Il est maintenant clairement établi que le système magnétosphérique est dominé par des couplages forts entre les sous-systèmes magnétosphère, ionosphère et thermosphère et qu'il est soumis ' une grande dynamique caractérisée par des échelles de temps différentes suivant les sous-systèmes : quelques minutes dans la magnétosphère, quelques dizaines de minutes dans l'ionosphère et quelques heures dans la thermosphère. Ces couplages jouent un rà™le crucial dans la redistribution de l'énergie du système magnétosphérique, notamment lors de sous-orages o˘ ils permettent de dissiper l'énergie transférée ' la magnétosphère par le vent solaire.

La manière dont se fait cette redistribution peut avoir une influence notable sur l'activité humaine. Ainsi, l'altération de la structure ionosphérique peut imposer un black-out radio sur une grande étendue du globe (centrée sur les régions polaires), ou impliquer des retards dans la propagation des ondes radios induisant des erreurs sur les calculs de distances ; quant à  l'échauffement de la haute atmosphère, il peut modifier sensiblement les effets du frottement atmosphérique sur les satellites ' basse altitude (voir thème 3).

 

4.3 - Phénomènes thermosphériques.

 

Les variations du flux de photons et de particules solaires ont une action directe sur la magnétosphère, tandis que la thermosphère subit à  la fois des changements engendrés par le flux de photons et de particules selon la latitude. Sa densité, température, composition et dynamique (vent horizontal et vertical) ont des propriétés qui dépendent au premier ordre de l'activité solaire. Toutefois, la signature de cette activité, beaucoup plus pour l'ionosphère que pour l'atmosphère neutre, est d'amplitude décroissante de la haute vers la basse thermosphère. Si les propriétés de la thermosphère sont très fortement conditionnées par les particules et les photons solaires pénétrant par le haut, la température et la dynamique de la basse thermosphère sont dominées par l'effet des ondes de gravité et les marées atmosphériques engendrées par l'absorption du flux solaire par la vapeur d'eau et l'ozone dans la troposphère et la stratosphère. Il en résulte par exemple l'apparition de modes semi-diurne absents à  haute altitude et de cellules de convection à  basse latitude qui illustrent l'importance des couplages verticaux entre régions.

Si les grands processus régissant la structure de la thermosphère sont maintenant bien identifiés, le couplage entre régions, le couplage entre espèces, le rà´le des ondes de gravité et des marées atmosphériques et les forà§ages solaires sont des phénomènes à  prendre en compte de faà§on globale et synthétique. Ceci devra àtre l'objet d'études à  venir.

 

4.4 - Effets de l'environnement spatial sur les engins spatiaux.

 

Les engins spatiaux jouent un rà´le irremplaà§able dans nombre d'activités civiles que chacun pratique tous les jours sans màªme en àªtre conscient. Qu'il s'agisse de radiodiffusion ou télévision par satellite, de météorologie, de localisation par le réseau GPS (Global Positioning System), d'appels de détresse et de téléphonie cellulaire, le particulier est un consommateur de services par satellite. Si on ajoute les retombées civiles de l'observation de la terre, l'emploi des satellites dans les télécommunications mondiales et maintenant régionales, l'exploitation de l'espace concerne directement et à  tout instant chacun d'entre nous. A un autre niveau, dans le domaine de la défense ou de la recherche, le citoyen est, par le biais des gouvernements ou des instances internationales, concerné par l'utilisation de l'espace comme milieu de l'activité humaine. Enfin, pour les vols habités, si les orbites à  faible altitude et à  faible inclinaison sont assez bien protégées par l'effet d'écran du champ magnétique terrestre, la protection est moindre pour les orbites à  haute déclinaison, telle que celle de MIR, avec la station internationale, rendant importante la prévision des protons solaires.

Il est certain que ce sont les satellites géostationnaires qui souffrent le plus et de la manière la plus évidente des paramètres d'environnement, et plus particulièrement des problèmes d'électrisation. On peut affirmer que tous les satellites géostationnaires ont, peu ou prou, été victimes de décharges d'électricité statique induites par l'environnement. Dans le meilleur des cas il s'agit d'un faux status dans la télémesure sans aucune conséquence, dans le pire des cas, c'est la perte définitive du satellite si la décharge place l'engin spatial dans un état critique, avec perte de contrà´le par le sol. Des orages géomagnétiques consécutifs à  une interaction du vent solaire et de la magnétosphère sont à  l'origine de ces phénomènes.

 

4.5 - Pollution électromagnétique et environnement radioélectrique terrestre.

 

Les émissions électromagnétiques consécutives aux activités humaines participent aux relations Soleil-Terre en masquant, modifiant ou créant des phénomènes liés au transfert du flux du vent solaire vers la Terre. Ces aspects, bien que connus depuis longtemps, apparaissent désormais comme critiques, en conséquence de l'accroissement considérable de la pollution électromagnétique de l'environnement terrestre : une variation d'un facteur 300 en puissance a été observée au cours des 20 dernières années. Ceci débouche sur tout un programme d'études, mettant en jeu moyens sols (radars) et spatiaux (surveillance).

 

4.6 - Modélisations en Météorologie de l'Espace.

 

Le premier point pour lequel l'approche théorique est envisagée est la prévision des éruptions elles-màmes. L'approche théorique doit s'étendre ' la chaà“ne de processus qui, partant des éjections de matière coronale, modélisables par la MHD, aboutit aux orages géomagnétiques par l'intermédiaire du vent solaire. Hors éruption, le lien entre structures coronales et l'activité géomagnétique se pràte aussi ' modélisation. Quant au rayonnement électromagnétique, son impact sur l'atmosphère et sur l'orbitographie, peut àªtre pris en compte par des modèles empiriques comme ceux développés par Barlier et son équipe. Il reste de grandes zones d'ombre quant ' la manière dont est transférée l'énergie du vent solaire vers la magnétosphère, la manière dont sont déclenchés les sous-orages et les processus d'accélération des particules, vecteurs de cette énergie. Les efforts de modélisation doivent s'intensifier et s'accompagner d'efforts expérimentaux et théoriques suffisants pour que les mécanismes de couplages principaux soient intégrés dans les modèles numériques. Enfin, la représentation globale manque encore.

En parallèle au développement d'outils numériques nouveaux, il est nécessaire de constituer des bases de données sol et spatiales pour construire les modèles empiriques complémentaires, spécialement ceux concernant l'évolution du système magnétosphérique.

 

4.7 - Prospective

 

Le thème de la Météorologie Spatiale recouvre les trois autres thèmes du programme SETH, en en faisant la synthèse et en orientant l'ensemble des études vers un domaine applicatif o˘ l'intéràt des concepteurs et opérateurs de systèmes spatiaux est marqué. Trois approches complémentaires peuvent àtre envisagées :

 

(1) Analyse des mécanismes de l'activité solaire, en ayant pour objectif la prévision de l'activité et des événements solaires, c'est-à -dire la compréhension de leurs causes, des événements précurseurs, permettant de modéliser leurs effets, au niveau du soleil et de son atmosphère (voir thème 2). Un deuxième aspect de cette approche réside dans l'étude de la cyclicité solaire, liée aux phénomènes à  plus long terme, mais qui fournit probablement une des clés des mécanismes solaires (voir thème 1). Ceci inclut le cycle de 11 ans aussi bien que son évolution à  plus long terme.

 

(2) Analyse de la propagation des perturbations solaires du soleil jusqu'au Géoespace, et de leur effet sur l'environnement terrestre. Il s'agit d'étudier les transferts de masse, d'impulsion et d'énergie entre les différentes cellules allant des événements solaires à  l'environnement terrestre. Cette étude est une des composantes principales du Programme International de Physique Soleil-Terre (ISTP), maintenant appelé Sun Earth Connection (SEC) qui avec les sondes spatiales GEOTAIL, WIND, INTERBALL, SOHO, POLAR, ULYSSES, IMP-8 et les grands programmes au sol (EISCAT, SUPERDARN, CANOPUS, Radiohéliographe et Réseau Décamétrique de Nanà§ay, interféromètre MICADO, etc.), correspond à  un effort majeur et à  ce jour unique de la communauté internationale de physique soleil-terre. C'est également l'objet du programme "Space Weather " américain, soutenu par la NSF et la NASA, programme qui bénéficie d'un important soutien, pour son démarrage (un million de dollars US). Ces programmes ont des liens très étroits entre eux, ainsi qu'avec le SCOSTEP ("Scientific Committee on Solar-Terrestrial Research ").

 

(3) L'analyse de l'impact effectif de l'activité solaire et de ses perturbations sur les activités humaines et la biosphère au sens large est certainement le dernier maillon de la chaîne et un des buts ultimes d'un tel programme. Nous insisterons particulièrement sur les effets sur les engins spatiaux, en développant les collaborations avec le CNES et l'ONERA. Le rà´le des géophysiciens y est important, et c'est sans aucun doute le maillon le plus complexe, faisant appel à  une large interdisciplinarité. C'est aussi le moins avancé et celui qui demandera une importante coordination des efforts, déjà  regroupés dans le cadre de programmes tels que SEC (Sun Earth Connection). L'INSU est certainement l'instance la mieux adaptée ' la mise en place d'une coordination interdisciplinaire requise pour l'étude de nombreux autres aspects (en particulier la climatologie, mais aussi les effets biologiques, etc.).

 

Enfin, une réflexion globale sur l'orientation de ce thème a été largement souhaitée. En plus d'un forum sur les différentes approches : observations, théorie, modèles, besoins (par exemple pour assurer la protection des satellites), la réflexion portera sur le bilan des moyens expérimentaux et théoriques mis en oeuvre actuellement et souhaités pour le futur, ainsi que sur l'interaction avec les centres et bases de données (MEDOC, BASS2000, CDPP, etc.).